Ma méthode de création d’un livre jeunesse : le story-board et l’univers

Dans le blog du mois d’avril, nous avons vu les premières étapes de la création du livre jeunesse en nous concentrant sur l’idée et aussi la création de quelques illustrations. Avant de créer plein de peintures pour le livre, je me suis dit qu’il fallait me concentrer sur un story-board.

Le story-board du livre

Selon le dictionnaire Larousse, le story-board est une suite de dessins correspondant chacun à un plan et permettant (lors de la préparation d’un film) de visualiser le découpage. Il n’y a pas que dans le cinéma que nous pouvons l’utiliser. Cette méthode permet d’organiser les actions et le rendu de l’œuvre que l’on souhaite réaliser. Dans ces conditions, je divise, en étapes, la réalisation de ce plan.

Etape 1 : le découpage

Une fois le scénario, j’ai commencé à découper cette dernière en pages. D’abord, je lisais les différentes péripéties. Par conséquent, je voyais où les actions commençaient et se terminaient. Puis, je notais sur le manuscrit le numéro de page auquel il correspondrait dans le livre. En ayant une bonne base, j’ai continué quand même à écrire l’histoire puis je faisais le découpage. Enfin, j’ai créé la mise en page du texte et des images. 

Par la suite, j’ai vu le nombre de pages découpées, mais pas que ! En effet, le lectorat cible est composé d’enfants dont la tranche d’âge est entre 7 et 10 ans. Pour cette raison, le texte doit être assez détaillé mais ne pas avoir un nombre de pages pas trop effrayant ni ennuyant pour eux. Et oui, je ne vais pas leur écrire un roman !

Généralement, les imprimeurs peuvent caler 8 pages maximum sur une planche d’impression. De fait, il est préférable que le nombre de pages soit un multiple de 8.

Avec toutes ces informations, je me suis donc arrêtée sur une histoire de 40 pages. A cet égard, j’ai relu le premier découpage. Le but était de voir comment je pouvais améliorer les péripéties pour avoir un rendu dynamique. En d’autres termes, l’histoire doit s’enchaîner facilement et rester compréhensible. 

Etape 2 : la mise en page

Au départ, je place des blocs en dessinant des rectangles pour créer le story-board. Ces blocs indiquent soit l’emplacement d’un texte, soit celui d’une image. Je me pose, notamment, quelques questions lors de la préparation de ma mise en page en définissant ces blocs :

  • “Est-ce qu’il y a une action importante à mettre en avant ?” 
  • “Est-ce que l’impact de l’action sur l’histoire doit être visuel ?”
  • “Est-ce qu’il y a des  détails pour étoffer l’histoire qu’il faudrait dessiner pour compléter le descriptif écrit ?” 

Je continue à faire essentiellement des revues du texte en faisant la mise en page. C’est pourquoi j’essaie de mettre en avant les parties importantes pour les enfants. Ainsi, les images illustreront les propos écrits de l’histoire. En effet, les jeunes lecteurs aiment pouvoir admirer des images en lien avec les péripéties des personnages. N’hésitez pas à détailler visuellement pour renforcer l’expérience lors de la lecture

Etape 3 : la composition des images 

Tandis que je visualise le livre dans son ensemble, je me projette dans les actions principales et le type d’images voulu. Pour ces raisons, je place dans les blocs ce que je vais y dessiner. Je peux donc choisir si une image prendra une page entière ou une double page pour les événements impactants. Cependant, si j’illustre un texte avec quelques images, ceci ne signifie pas que son importance est moindre. Je décide si la composition de l’image me convient vis-à-vis de l’action en cours.

N’oubliez pas de varier les différentes mises en page. Faites le découpage des blocs sur un nombre de pages important au préalable. Suite à cela, vous pourrez vous lancer dans les croquis finaux. En effet, vérifiez que la mise en page n’est pas tout le temps identique, ce qui pourrait lasser le lecteur. De plus, si une action doit être surprenante, il faut aussi que la mise en page le soit pour renforcer l’intensité de la surprise ou de l’émotion voulue. 

Exemple de mises en page

Pour une action importante, je dédie une page entière de dessin à cette dernière tandis que l’autre page contiendra le texte.

Je découpe souvent la page en 2, quand je n’ai pas d’événement à mettre en avant, et que j’ai plus de descriptif. Je peux alors mettre un bloc de texte en haut, et un dessin en bas.

Au bout de quelques pages tout ceci sera trop identique ce qui ennuiera l’œil. La mise en page est aussi importante que le dessin. En conséquent, variez pour donner envie de tourner la page !

L’univers de l’histoire

Puisque le storyboard est bientôt terminé, j’ai défini mes personnages mais aussi l’environnement et l’univers

Recherches du contexte global

Peu importe l’histoire qu’on écrit, le contexte et la vie des personnages sont primordiaux pour garder le lecteur immergé. Ceci permet de rendre crédible l’histoire et les péripéties.

De surcroît, ces informations sont capitales pour accrocher le lecteur. Il est admis que les bouquineurs acceptent toutes les possibilités sous réserve que les péripéties soient en lien avec son univers. 

Pour ces raisons, j’ai créé des tableaux Pinterest et je me suis enrichie de ce qui pouvait exister. Sur ce point, j’ai regardé des films marins, j’ai lu des articles, des histoires sur internet. Ces derniers m’ont permis de faire des recherches sur les sirènes, les marins et également sur l’environnement maritime en général. Finalement, j’ai complété toutes ces informations avec notamment mes photos personnelles. 

Pour développer un univers un peu enfantin et fantastique, j’ai lu des articles sur la mythologie marine ainsi que sur les monstres. De plus, j’ai regardé leurs représentations, leurs points forts, leurs points faibles, ainsi que leurs interactions.

Les couleurs

Après avoir terminé mes recherches, j’avais aussi à définir le tempérament de mes personnages pour les connaître plus. En dernier lieu, l’environnement dans lequel se déroule mon histoire a été également identifié. Par conséquent, j’ai pu relier les informations que j’avais pour choisir les couleurs de mes illustrations.

Les personnages principaux

Dans cette histoire, il y a très peu de personnages pour que le récit soit clair. Je vous présente donc les couleurs de mes protagonistes.

La sirène 

L’héroïne représente une personnage dynamique. Je la voulais active au caractère sanguin. En conséquent, sa couleur principale est donc une couleur chaude, le ORANGE.

En effet, cette couleur est associée à l’énergie ainsi qu’à l’action. Sa chevelure de feu et sa queue ont des couleurs à l’opposé ( c’est à dire des couleurs complémentaires) de l’environnement où elle vit avec le bleu de la mer. En plus, j’ai ajouté à l’aquarelle quelques points d’or.

Le marin 

Ce personnage est le contraire de la sirène. De fait, quoi de mieux que de partir sur sa couleur opposée.

Non seulement, le marin est habillé en bleu en opposition aux couleurs de la sirène mais il est également en lien avec la mer, son élément de cœur. Il a un tempérament calme, à cet égard, il arrive à dompter la sirène. Cette dernière le trouve hypnotique. Partant de ces faits, le bleu choisi est un bleu turquoise. En effet, cette couleur dégage un sentiment de pureté.

Finalement, le matelot porte quand même d’autres couleurs comme le rouge, pour lui redonner un peu de dynamisme, mais aussi du marron. D’ailleurs, cette couleur le lie à son élément de naissance, celui de la nature. Son pantalon rappellent donc les arbres et plus précisément les racines de ces derniers.

Les créatures

Deux créatures principales sont fondamentaux dans cette histoire. Dans les deux cas, ils possèdent une dominante violette qui réfère à la magie, au fantastique, à l’imaginaire.

La fée des mers 

Ce personnage est très joyeux mais aussi positif. De cette manière, je voulais qu’elle éclaire les mondes marins. Néanmoins, elle est plus posée que la sirène.

Quoi de mieux que le jaune pour donner cette impression de chaleur et de lumière. Tout comme le tempérament de la fée, la couleur jaune renvoie à la bonne humeur et à la joie de vivre.

D’autre part, quelques touches de vert ponctuent la coiffe de la fée. Un caractère joyeux est souvent lié à un personnage dégageant l’espoir. C’est pour cela que j’ai ajouté le vert pour représenter l’équilibre et la chance.

Le kraken

Le grand méchant de l’histoire est le kraken. Il est sombre, il souhaite détruire les fonds marins.

Le violet, dans un contexte négatif, inspire la solitude et la tristesse, ce que ce monstre veut instaurer dans la mer. Par ailleurs, il est également coloré de bleu foncé ce qui rappelle là d’où il vient (l’océan) et là où il doit continuer à vivre.

De plus, à l’opposé de la sirène, le kraken possède des tâches argentées. Ceci accentue la froideur du personnage, rappelant le métal.

L’environnement 

Le village 

Les villageois vivent sur une terre aride sans trop de verdure dans des maisons très épurées. Je voulais représenter une vie très populaire et sans richesse ostentatoire. Les couleurs sont neutres (jaune pour le sol aride, noir pour les toits) pour ne pas attirer l’œil et très peu de couleurs différentes sont utilisées.

Les fonds marins

A l’encontre de la vie terrestre, la vie sous-marine est pleine de joie et de richesses. C’est pourquoi je voulais ajouter un décor colorée et plus précisément avec du fluo. Non seulement, ça accentue le dynamise de l’environnement, mais encore le contraste avec l’océan ainsi qu’avec le village. 

Le médaillon 

Pour finir, cet objet a une place centrale dans l’histoire. En effet, il rend cette histoire fantastique. D’une part, c’est une source d’énergie. D’autre part, il est relié à la nature. De fait, la couleur du gemme a été une évidence, elle devait être émeraude.

En résumé, sa couleur verte représente aussi bien le lien que le collier a avec la nature que l’espoir et l’énergie qu’il émet. Or, négativement, il peut retranscrire aussi l’envie. En effet, cette émotion peut être ressentie quand on possède cet objet magique.

Sa deuxième couleur est l’or. Ce doré est porteur de puissance. En somme, il est lié à la richesse et fortune, qui sont deux principes qu’il apporte en exauçant les souhaits, mais également vis-à-vis du pouvoir qu’il donne à son possesseur.

Pour en savoir plus sur cette création, je vous propose de me suivre en vidéos :

Le mois prochain dans le blog de Juin, je continuerais à vous expliquer la création du livre jeunesse en parlant de la production de toutes les illustrations.